Le journaliste Dimitri de Kochko exerce son droit de réponse au quotidien “Libération” :
Dans votre numéro 10401, daté des 25 et 26 octobre 2014, deux consœurs (mais est-ce le terme approprié, compte tenu des procédés employés assez éloignés du journalisme), mettent en cause, en les calomniant et en les accusant implicitement d’être des «agents» d’un présumé «réseau Poutine», un certain nombre de personnes, dont moi-même.
Je vous demande donc, sans trop d’illusions, de publier ce droit de réponse en vertu de l’article 13 de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (consolidée au 29 janvier 2014).
Au lieu d’admettre l’existence d’opinions et d’analyses différentes des vôtres et afin d’éviter toute discussion et réflexion, vous recourez aux méthodes totalitaires que vous prétendez combattre. Vous traitez les dissidents de votre communication mainstream «d’agents», pour d’avance tenter de discréditer leur discours.
Oui, moi-même et la plupart des gens que vous désignez à la vindicte de votre lectorat (de moins en moins nombreux), pensent que l’Union européenne a commis une série d’erreurs et de bêtises dans le dossier ukrainien. Par exemple, en refusant de négocier des aménagements concrets pour l’appartenance de l’Ukraine à deux zones de libre échange à la fois. Nous, Union européenne, avons été irresponsables en la forçant à choisir entre la CEI et l’UE. Elle a évidemment besoin des deux. Oui, ces politiques, universitaires, chercheurs, académiciens, vilipendés par vous, estiment pour la plupart, qu’il ne fallait pas donner de faux espoirs à la population ukrainienne et encourager dans des buts géopolitiques douteux, les tendances les plus extrémistes.
Oui, la plupart de ces personnalités pense que l’Europe a tout à gagner à développer ses complémentarités économiques et culturelles avec la Russie. Que l’Europe agit contre ses propres intérêts et habitants, en réduisant la diplomatie au degré zéro par l’instauration de sanctions. Qu’elle sert les intérêts d’autres pays et continents, dont le but est de garder un pouvoir unipolaire et de nous faire payer leur déficit abyssal, en créant une zone de libre échange transatlantique, négociée en secret…
Cela suffit pour faire des agents ? Pour être un soi-disant «réseau» de Poutine, qui est décidément un loup garou bien commode pour éviter toute réflexion. La méthode est typiquement totalitaire. Les staliniens l’ont appliquée durant des décennies en décrétant des «ennemis du peuple». Orwell l’a décrite dans «1984». Dans mon cas, le totalitarisme des rédactrices atteint des sommets : on stigmatise mes origines familiales ethniques «un descendant de Russes blancs» avec des propos confinant au racisme et à la discrimination. Sur les Russes, on peut y aller ! Et pour se rapprocher encore du modèle stalinien, qui rendait responsables les enfants des «crimes» supposés de leurs aïeux, on invoque mon ancêtre mort dans les années vingt ! C’est simplement odieux ! Je comprends que la situation financière de votre journal puisse vous pousser à des excès mais de grâce cessez de donner des leçons et d’insulter les gens qui ne conviennent pas à vos commanditaires.
Dimitri de Kochko, journaliste, ancien contributeur à Libération 1ère manière, victime de la guerre de l’information et du non respect de la déontologie journalistique.
Paris, le 30 octobre 2014
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