Les 25 et 26 septembre s’est tenue à Moscou une conférence internationale sur “La russophobie et la guerre de l’information contre la Russie”. Organisée par le Fonds de développement de la société civile “Diplomatie publique”, l’organisation d’observation CIS-EMO (Organisation de l’observation des élections dans la CEI) et le Groupe interparlementaire de la Douma d’Etat de la Fédération de Russie pour la défense des valeurs chrétiennes, elle a réuni nombre d’intellectuels, de journalistes et de politiques venus de tous les pays et de tous les horizons. Ensemble, ils ont examiné ce phénomène récurrent mais particulièrement instrumentalisé en ces temps de confrontation globale. Cependant, comme l’a relevé Pierre Avril dans Le Figaro du 25 septembre, “deux absents de taille, pourtant annoncés à l’origine, étaient remarqués : le conseiller de Vladimir Poutine, Sergueï Glaziev, l’un des contempteurs les plus virulents de l’Occident au sein de l’administration présidentielle, et le Vice premier ministre nationaliste, Dmitri Rogozine. Sans compter les journalistes des chaînes de télévision fédérale”. Selon lui : “un signe que le Kremlin prend(rait) certaines distances avec ce mouvement”.
Observons tout d’abord que la soi-disant russophobie, comme je l’ai relevé au début de mon intervention (1), n’est ni plus ni moins qu’un racisme ethnique et/ou idéologique et à ce titre passible de condamnations pénales. Jusqu’à présent les clichés racistes anti-russes sur l'”ours russe” – dont l’on ne comprend pas bien pourquoi il fait l’objet d’une “discrimination positive” quand le “singe africain” soulève la réprobation – le “peuple d’esclaves (le terme est d’ailleurs formé sur le mot “slave”) mêlé de sang mongol soumis à la tyrannie”, n'”ayant connu ni la dite Renaissance ni les dites Lumières”, qui plus est “orthodoxe”, ayant réussi de surcroît à discréditer à tout jamais cette idée géniale mûrie dans les cervelles occidentales qu’est le communisme, buveur, sentimental, excessif, inapte à la démocratie et à la raison etc., etc. A vrai dire le racisme, chose au monde la moins bien partagée pour reprendre le raisonnement de Descartes à propos de la raison, pour être universel, trouve dans la lecture qui en est faite de singulières exceptions. Pourquoi l’antisémitisme – le racisme ethnique et/ou idéologique contre les Juifs – constituerait-il une catégorie singulièrement privilégiée et particulièrement sanctionnée quand le racisme anti-russe, topos tristement banal des discours occidentaux, se trouve curieusement toléré ? Raison pour laquelle l’entreprise génocidaire entreprise dans le Donbass par des bataillons néo-nazis se réclamant de l’idéologue collaborationniste galicien et uniate Stepan Bandera, et arborant qui plus est des insignes nazis, est étouffée dans un silence complice par tous les médias officiels pourtant prompts à détecter des génocides partout ailleurs lorsqu’une ingérence américaine doit trouver un semblant de justification, que ce soit en Libye ou au Kosovo.
Ce racisme en fait, est provoqué par ce que je nomme la différence proche : pour avoir développé une forme de civilisation particulièrement épanouie, les Occidentaux s’imaginent que le reste de la planète doit l’adopter à l’identique. Le coeur du racisme anti-russe est dans cette volonté impériale, totalitaire, de faire du “Grand-Orient” de la civilisation européenne qu’est la Russie, le “Grand-Même”. Martin Malia, spécialiste de la Russie, dans une controverse avec l’idéologue russophobe acharné qu’était Alain Besançon (2), parlait d’ailleurs, à propos du soi-disant “retard” de la Russie sur l’Europe de l’Ouest, de “gradient de civilisation”, susceptible de varier en fonction des conjonctures, l’état de “civilisation” n’étant jamais acquis. Ce n’est pas parce que les Occidentaux ont développé une forme de civilisation particulièrement aboutie qu’ils ne sont pas passibles de régressions comme dans le ellegébétisme obligatoire et le néo-conservatisme actuels, exportateurs de “gayprides”, de “démocratie” et de “droit de l’homme” tous azimuts au prix de guerres, de coups d’Etat et de destruction de régions entières, ou dans le déchaînement effroyable de barbarie de la deuxième guerre mondiale. Non, la Russie n’est pas en retard, elle est différente et précède même l’Ouest européen sur bien des points, sur les plans culturel et spirituel notamment, ce que les Européens de l’Ouest feraient bien de comprendre et d’apprendre pour s’atteler à la construction de la véritable Europe, unissant Orient et Occident européens dans leurs ressemblances et leurs différences. Ce qui permettrait à l’Europe de jouer pleinement son rôle de passerelle entre le monde euratlantique et le monde eurasiatique plutôt que de s’imaginer “un rempart de l’Occident” comme l’y invitent les voix de sirènes des idéologues polonais, agents d’influence atlantistes au sein de l’UE, où ils font la promotion de ce que Martin Malia nommait “la version polonaise de la Russie”. Les Donald (prénom qui ne s’invente pas…) Tusk, président du conseil de l’UE, Tombinski, délégué de l’Union européenne à Kiev et part active du coup d’Etat du 22 février aux côtés de l’ambassadeur américain, et autres Kawsniewski, envoyé spécial du parlement européen à Kiev, sont les héritiers de la géopolitique de la République nobiliaire et de la désastreuse stratégie pilsudskienne du “cordon sanitaire face à la Russie”, responsables de la tragédie du XXème siècle.
Car un sentiment a dominé à l’écoute des différents intervenants de la conférence : celui d’une blessure profonde ressentie par qui n’est pas compris et se trouve réduit à un objet de haine irraisonnée. D’autant plus que le racisme à l’égard des Russes n’est pas reconnu en tant que tel, et se trouve formulé en toute impunité quand il ne justifie pas des politiques d’agression comme en Ukraine, dans le Donbass, dans le déploiement de bases de l’OTAN aux frontières de la Russie ou dans le déploiement du bouclier antimissiles. C’est ce qu’a dénoncé Igor Morozov (1), membre du Conseil de la Fédération de Russie, qui a fait état de la russophobie régnant dans les réunions internationales sur l’Ukraine, “une russophobie construite par les mass-médias de l’Union européenne sous l’influence d’Outre-Atlantique, qui menace la sécurité de la Russie”. André Foursov (1), directeur du Centre de recherches sur la Russie de l’Université de Moscou (MGU), reprenant le concept de psycho-histoire développé par Isaac Asimov, a mis l’accent sur le niveau idéologique de la russophobie, qui vise à détruire l’identité propre de la Russie, ses valeurs et sa mémoire. Pour faire face à cette agression, la Russie doit retrouver sa place sur le plan international, notamment sur le plan économique. Alexandre Iouchtchenko (1), député du parti communiste russe à la Douma et membre de la commission de l’information, a mis sur le même plan la russophobie et l’anti-soviétisme, “dont la première vague a provoqué la chute de l’URSS, la seconde a bloqué le processus d’intégration de l’espace post-soviétique et la troisième a mené les bandéristes au pouvoir à Kiev et provoqué des sanctions contre la Russie”. “La guerre civile déclenchée en Ukraine est une guerre contre les Russes”, a-t-il précisé, soulignant que “l’antisoviétisme a joué un rôle dans ces événements parce que l’Union soviétique a combattu le nazisme. Les monuments de l’époque soviétique ont été détruits alors que les bataillons Aïdar et Azov arborent des croix gammées dans le Donbass”. Mikhaïl Remizov (1), président de l’Institut national de stratégie, a rappelé que “le nouvel ordre mondial, avec la nouvelle religion mondiale de la ‘démocratie’ et des ‘droits de l’homme’, est un terme datant des années 90, dans lequel les Russes ont senti qu’ils étaient devenus un peuple superflu”. Selon lui, “le pire a été atteint lors des bombardements de la Serbie, qui est un peu la Russie des Balkans, et nous le sentons encore actuellement quand la vie de centaines de milliers de Russes dans le Donbass compte moins pour CNN que les flots de réfugiés du Moyen-Orient”. Il souligne cependant “que notre principal problème est la russophobie intérieure. Les premiers textes russophobes sont les récits de voyage comme celui du marquis de Custine, pleins de stéréotypes négatifs qui ont été adoptés par des Russes sur eux-mêmes”. Pour parvenir à saisir les racines du problème “il est important de comprendre que l’identité nationale russe ne repose pas sur la structuration d’un territoire mais sur des liens spirituels, culturels et linguistiques : et cela déchaîne le ressentiment du nouvel ordre mondial”. Oleg Nemenski (1), conseiller scientifique du Centre de recherches sur l’étranger proche, a défini la russophobie – qui attribue aux Russes tous les défauts et considère la Russie comme “l’empire du mal” – comme une idéologie proche de l’antisémitisme. Selon lui “il y a deux sortes de russophobie, l’une pessimiste, l’autre optimiste. La première considère qu’il est impossible d’européaniser les Russes, la seconde au contraire, qu’on peut leur inculquer les valeurs occidentales”. Et il conclut : “quand la seconde vise l’européanisation des Russes, la première vise leur destruction”. Un député de Saint-Pétersbourg du parti conservateur Rodina (1) a quant à lui insisté sur le rôle de l’éducation patriotique, nécessaire eu égard à la puissance industrielle de l’idéologie libérale-libertaire anglo-saxonne, négatrice des valeurs essentielles qui fondent la civilisation humaine. Il a proposé pour cela différents niveaux d’éducation en fonction des classes d’âge, sur le modèle des Komsomols (jeunesses communistes) de l’époque soviétique.
Parmi les quelque 78 intervenants, il y avait des représentants de la CEI et de “l’étranger proche de la Russie”, mais nous étions également trois Français. Elie Hatem (1), avocat et conseiller de Jean-Marie Le Pen – dont l’on sait peu que malgré son anti-communisme virulent il est un amoureux de la Russie depuis déjà les années soixante – a constaté qu'”aujourd’hui il y a un bouleversement international : c’est la Russie qui est à la tête du monde libre (alors que) l’Occident est devenu un monde contrôlé par une dictature de la pensée unique”. C’est la raison pour laquelle “elle est attaquée par le soft-power occidental qui cherche des facteurs de déstabilisation intérieurs, comme en Ukraine, et une campagne médiatique cherche à détruire son image”. Mais selon lui, la russophobie est en fait une christianophobie, et elle est “affaire d’agents d’influence affiliés à des sociétés secrètes et à des lobbies”. Car “l’opinion publique française est plutôt russophile, notamment avec ce qui se passe en Syrie, parce que les gens se sont rendus compte du ‘grand mensonge’ avec l’échec de la pseudo-lutte contre l’Etat islamique menée par les Anglo-Saxons”. Enfin “la Russie est perçue comme un espoir par les Occidentaux, car elle va leur permettre de se redresser et de retrouver leur identité nationale”.
L’on pourrait donner à Dimitri Kochko (1) le mot de la fin, pour qui “la russophobie dans les mass-médias est préjudiciable au fonctionnement démocratique de la société française dans la mesure où la communication est privilégiée au détriment de l’information”. Faisant référence aux listes de dénonciations de politiques, d’intellectuels et de journalistes “pro-russes” parues notamment dans Libération et Le Monde à l’automne dernier, il a lancé un cri d’alarme : “elle peut conduire à la guerre et à la persécution des Russes à l’étranger, avec les listes d”agents de la 5ème colonne pro-russe’ comme à l’époque du maccarthysme”. Ce qui le conduit à proposer que “l’expression de la russophobie tombe sous le coup de la loi, comme l’expression anti-sémite”. Il a donc invoqué la nécessité de “fonder un comité de vigilance concernant l’expression de la russophobie et de fonder peut-être également un institut de la russophobie de façon à protéger les Russes et la Russie”.
Mais cette campagne xénophobe en France, pays où la dénonciation est monnaie courante, pour ignoble qu’elle soit et potentiellement dangereuse sur les plans personnel et professionnel, n’est rien en comparaison de ce qui se passe en Pologne, un pays qui fait partie de l’Union européenne – et donc censé adopter ses valeurs etc. – et qui est le premier à donner des leçons de démocratie et de morale au reste du monde, à commencer par la Russie. Maciej Wisniowski (1), rédacteur en chef du journal en ligne Strajk.eu, nous a appris qu’à l’heure actuelle “80% des Polonais déclarent avoir des sentiments négatifs à l’égard de la Russie, alors qu’ils étaient 20% de moins avant la crise ukrainienne”. Selon lui “les relations entre Polonais et Russes étaient meilleures après 1945 à l’époque de l’Union soviétique et les sentiments russopohobes sont apparus au sujet des difficultés dans notre histoire commune, par exemple Katyn”. D’autres vagues de russophobie sont apparues “lorsque la Russie s’est présentée comme un Etat défendant ses intérêts propres dans les années 2000, et elle s’est amplifiée, notamment sur le Net, avec les événements de Crimée”. Difficile dans ces conditions d’avoir une lecture différente de ces événements : “les Polonais qui ne partageaient pas ce point de vue ont été l’objet de critiques, certains ont perdu leur travail”. Pire que cela, “dénoncer la russophobie polonaise à l’heure actuelle, alors que la Pologne est membre de l’UE et de l’OTAN, c’est s’exposer à des attaques, y compris judiciaires, pour ‘propagation de propagande anti-polonaise'”. Soyons très attentifs à ce témoignage : c’est en Pologne que l’UE, et l’OTAN, montrent leur vrai visage, à l’heure où un Centre de contre-espionnage de l’OTAN s’ouvre à Cracovie. Non pas celui d’organisations payées avec nos impôts, mais des institutions coercitives et anti-démocratiques orientées par une oligarchie vers la dictature et la guerre.
Citons un dernier intervenant, en priant ceux que nous avons omis de nous excuser de n’avoir pu évoquer toutes les interventions. Ukrainien, Evgueniy Kopatko (1) est sociologue et directeur de Research and Branding Group. Il intervient souvent dans les débats à la télévision russe quand une stricte censure est observée à la télévision ukrainienne sur tout ce qui ne correspond pas à l’idéologie nationaliste pro-américaine et anti-russe post-coup d’Etat de février 2014. Il a déclaré “que la génération née après l’indépendance (de 1991) ne se sent aucun lien avec la Russie”. Bien sûr, “la guerre en Ukraine de l’Est favorise le sentiment anti-russe”. Cependant, a-t-il souligné, “à l’époque de l’URSS nous avions des liens fraternels, mais l’Ukraine se trouvait à la périphérie des intérêts de la Russie.” Il n’en demeure pas moins que “deux tiers des Ukrainiens sont en relation avec la Russie. Beaucoup d’Ukrainiens russophones sont partis se réfugier à l’Est et en Crimée”. Sa vision de l’avenir est sombre : “la dégradation de la situation économique, celle de l’Etat et la militarisation de la société a provoqué la destruction des familles. La guerre civile dans le Donbass oppose des russophones qui se battent aux côtés des ukrainophones, ce n’est pas que les ukrainophones contre les russophones”. Et concernant les mass-médias, “il n’y a pas de point de vue alternatif à la version officielle, il n’y a pas d’opposition”.
Il est donc souhaitable que cette conférence débouche sur la mise en place de moyens pour lutter efficacement contre la russophobie et plus généralement contre la désinformation dont la Russie est l’objet. Elle est visée comme alternative, avec la Chine et les BRICS, à la volonté de domination unipolaire du monde par les Américains et les pays qui leur sont soumis. Dont malheureusement la France, dans le cadre de l’Union européenne, ce qui s’aggravera sans aucun doute si le projet de Traité transatlantique, négocié en secret, livre les Etats européens à la loi des firmes américaines. C’est sans doute pour cela que les agents d’influence pro-américains sévissent de plus belle dans les médias, où toutes les portes leur sont ouvertes comme soi-disant spécialistes de la Russie.
Digne descendant d’un Besançon, Michel Eltchaninoff récidive dans un article paru dans le numéro de septembre de la Revue des deux mondes. Retournant la critique qui lui a été faite d’utilisation de citations décontextualisées d’un discours de Vladimir Poutine (3), il montre que celui-ci en fait autant avec l’utilisation de citations du penseur russe Ilyine dans ses discours, masquant la conception autoritaire qu’a ce dernier de la société russe. Et Eltchaninoff de s’acharner à prouver l’adéquation entre la politique – autoritaire et visant à la création/recréation d’un empire coercitif mettant en danger le monde qui lui semble toujours libre – de Poutine, avec le programme en quelque sorte prophétisé par Ilyine au début du XXème siècle, tant il correspond à l’ADN du peuple russe tel que le conçoivent les russophobes les plus demeurés. L’on se demande vraiment quel rapport à la réalité entretient ce pauvre Eltchaninoff, au sujet duquel la lecture de son ignoble reportage à Odessa (4), une semaine après le massacre, avait déjà jeté un sérieux doute. Penser que le président Poutine applique à la lettre les propositions d’une penseur russe émigré du siècle dernier, quelles que soient par ailleurs la pertinence et la profondeur en effet prophétique des citations relevées, c’est tout simplement ridicule. Observons d’ailleurs que cet article fait partie d’un dossier qui, malgré la caution d’Hélène Carrère d’Encausse – une vraie spécialiste dont l’on se demande ce qu’elle vient faire en si mauvaise compagnie – rassemble une petite cohorte hétéroclite de russophobes de tous poils. A commencer par la nouvelle directrice de la revue qui, pour avoir dirigé auparavant le magazine féminin Elle, se croit autorisée à interroger ainsi sottement Carrère d’Encausse, après un éditorial d’une rare bêtise : “Du temps des tsars (sic), on liquidait régulièrement (resic) les opposants (reresic), comme aujourd’hui Boris Nemtsov, abattu au pied du Kremlin. Cet assassinat n’est-il pas un message (sic encore…) de Poutine à l’opposition ?”. L’académicienne est bien bonne de répondre… mais il est vrai qu’elle s’imagine qu’un Vladimir Ryjkov présente une véritable alternative pour la Russie ! Cette question pourrait d’ailleurs bien lui avoir été soufflée par son compagnon Giesbert, agent d’influence américain bien connu, supporter enthousiaste de Valls, lui même grand ami d’Alain Bauer, Monsieur NSA-France, qui signe plus loin une plate dissertation de collégien quand Giesbert distille comme à son habitude deux pages de fiel ignare. Mieux inspiré avant d’approuver la désastreuse expédition libyenne, mais il est vrai qu’il revendique la co-responsabilité des bombardements de la Serbie en 1999, Védrine, interrogé par la même Toranian, soutient que la politique internationale d’Obama est “très intelligente”, même s’il y ajoute toute les contorsions auto-citatrices auxquelles il nous a habitués. Et que la Russie soit l’un des principaux sujets de la future campagne électorale de 2017 en France, comme l’évoque dans un style d’ado attardé sur sa play-station un second couteau de la propagande complotiste anti-Poutine, trouvant son inspiration dans les poubelles de services plus ou moins secrets, de préférence ceux infiltrés par le réseau d’influence pro-américain, fait peu de doutes sur l’enjeu d’élections qui pourraient bien changer la donne géopolitique sur le continent européen… pardon, eurasiatique.
C’est d’ailleurs peut-être bien ce qui explique la curieuse orientation du projet Radio-Spoutnik France, anciennement Voix de la Russie, comme je l’ai évoqué dans mon intervention à la conférence de Moscou (5). Il semble en effet avoir été retourné par des réseaux d’influence toujours à l’affût et bien déterminés à contrer le projet multimédia international de Rossia Segodnia, mis en place par la Russie à la fin de l’année dernière, pour lutter contre la guerre de l’information dont elle est l’objet. Car, selon l’adage français bien connu des Russes, même quand ils ne sont pas francophones : “A la guerre comme à la guerre”.
Frédéric Saillot, le 5 octobre 2015.
(1) Voir les interventions citées dans la rubrique “Vidéos” de la page d’accueil en cliquant sur “Toutes nos vidéos” ou sur la chaîne Youtube d’Eurasie Express (accès en cliquant sur “Youtube”, en bas de la page d’accueil).
La version écrite de mon intervention en français et en russe figure également dans la rubrique “Articles” de la page d’accueil.
(2) Commentaires, n° 87, automne 1999
(3) Voir le texte de mon intervention à la conférence et, dans “Archive”, mon article : “Michel Eltchaninoff, intellectuel maccarthyste au service de l’Atlantisme”.
(4) Philosophie Magazine : Michel Eltchaninoff, “Odessa. Enquête après carnage”, juin 2014.
(5) Il est préférable de lire la version écrite de mon intervention car la lenteur de l’interprète m’a empêché de développer complètement le sujet comme on peut le constater sur la vidéo.