« L’esprit du 11 janvier, je dois le prolonger » dit M. Hollande.
Qu’est-ce que c’est que ce pathos ?
Et qu’est-ce que cette phrase peut bien vouloir dire ?
Prolonge-t-on un esprit ?
A supposer qu’un esprit se prolonge, le président de la République en aurait-il le pouvoir ?
Et cela serait-il dans ses fonctions ? Le président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat. Il est le garant de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. Il ne guérit pas les écrouelles, ni ne prolonge les esprits.
Quel curieux « je dois » ! Les devoirs du président sont définis par la Constitution, pas par le titulaire de la fonction.
Et puis enfin, qu’est-ce que c’est que cet « esprit du 11 janvier » ? Ce jour-là, sous le coup de l’émotion, une grande foule a défilé. Sait-on bien ce que chacun des manifestants avait derrière la tête ? N’y aurait-il aucune ambiguïté dans cette unanimité de façade ? Le comportement des foules est-il connu pour être un modèle de cohérence et de raison ? Assurément pas !
L’esprit qui a rassemblé cette foule immense est connu, il est vieux comme le monde, il est à l’origine de tous les rituels sacrificiels de l’histoire de l’humanité. Depuis toujours, les foules se rassemblent autour des morts, autour des autels, autour du sang des victimes. Malgré tout notre beau rationalisme, cet esprit n’est pas mort. En nous y abandonnant, au mépris de la raison, nous faisons fausse route.
La devise de la République dit « égalité, liberté, fraternité », elle ne dit pas « unanimité, sécurité, hostilité »…
Denis Monod-Broca