La propagande russophobe et/ou anti-Poutine est une tare récurrente des médias français, où règne en maître jaloux et paranoïaque le clergé ignorant de la bien-pensance. Cette propagande, à vrai dire une propagande de guerre, a redoublé d’intensité à l’occasion du retour à la présidence russe de Vladmir Poutine début 2012, et surtout à partir de la crise ukrainienne qui, après le coup d’Etat du 22 février 2014 à Kiev, a provoqué le retour de la Crimée en Russie il y a tout juste un an, suivi de l’insurrection du Donbass. Où les factieux de Kiev perpètrent un génocide des populations russophones, via des bataillons privés inspirés par l’idéologie fasciste galicienne, appuyés par des unités mercenaires en provenance de pays de l’Otan, notamment des Etats-Unis et de Pologne. Cela dans la plus grande indifférence des mêmes médias, pourtant prêts à battre le tambour lorsqu’un soupçon de génocide sert de prétexte à une intervention occidentale, comme au Kosovo en 1999, en Lybie en 2011, ou comme cela a bien failli être le cas en Syrie en 2013, pour des motifs géopolitiques qui n’ont rien à voir avec de prétendus motifs humanitaires.
Mais le matin du 9 février dernier sur France-Culture (1), cette propagande a atteint des sommets inégalés avec Michel Eltchaninoff, invité à présenter son livre, intitulé en toute modestie Dans la tête de Vladimir Poutine, qui a non seulement justifié la politique occidentale de soutien au régime de Kiev, et donc du génocide qu’il perpètre en toute impunité dans le Donbass, mais qui a en plus appelé à la durcir, dénonçant, en bonne tradition bien française, les “agents d’influence”, le “réseau”, constitué par la diaspora russe en Europe de l’Ouest, par les intellectuels et les partis opposés à cette politique, que l’éditorialiste de l’émission, à la diction très dzierzinskienne, le commissaire politique Brice Couturier, s’est empressé de nommer une “5ème colonne au service de la Russie” (2).
Ce matin-là Eltchaninoff faisait ainsi mieux à lui tout seul que tous les dossiers de dénonciation concoctés l’automne dernier par Libération (3) et par Le Monde (4), dans la droite ligne du maccarthysme. Précisons que l’émission a eu lieu à la veille du sommet de Minsk, les 11 et 12 février, où les dirigeants européens Merkell, Hollande et Poutine ont négocié avec Porochenko et les représentants des Républiques populaires du Donbass et de Lougansk, Zakhartchenko et Plotnitski, d’une issue politique au conflit armé du Donbass. D’où la question de Marc Voinchet, chef-propagandiste à l’émission du matin de la station gouvernementale : “Comment pensez-vous qu’il faut (sic) parler à Vladimir Poutine ? On dit qu’on est au bord d’une guerre, et surtout, si on vous a bien lu, son projet de Novorossia, il est en train de le réaliser”. “On ne peut rien prédire” commence par répondre prudemment Eltchaninoff, pour ajouter aussitôt : “Je pense en revanche que les sanctions occidentales l’ont beaucoup étonné, parce que pour lui l’Occident est faible et décadent. Donc quand les Européens s’unissent pour proposer des sanctions et s’y tiennent pendant plusieurs mois d’affilée, ça l’étonne. C’est pourquoi aujourd’hui il y a appel à négociations “. Flatté par la question de Voinchet, Eltchaninoff finit cependant par asséner : “Si j’avais, non pas un conseil, mais disons une impression (sic) sur la manière dont il faut parler à Poutine : Poutine est persuadé que l’Occident est par essence faible, notamment parce qu’il est démocrate – vieille culture soviétique finalement (re-sic). Il faut que les démocraties lui montrent qu’elles peuvent être fortes et unies et donc qu’elles refuseront l’installation d’un empire de Novorossia notamment à l’est et au sud de l’Ukraine, sans parler de la Crimée qui à mon avis va rester une pomme de discorde très importante et va sans doute revenir sur le devant de l’actualité dans les années qui viennent, parce que l’annexion est totalement illégale et évidemment au bout d’un moment ça va finir par créer des problèmes, par exemple en Crimée elle-même”.
On le voit, Eltchaninoff est loin d’être un journaliste politique bien informé, car en un court espace de temps il accumule les erreurs, que ne relèvent évidemment pas Voinchet et Couturier, trop heureux d’avoir trouvé un “spécialiste” pour donner un semblant de caution académique à leur campagne de propagande. Ce serait donc Poutine qui, face aux sanctions occidentales, aurait fait appel à négociations. Il est vrai que Minsk 1, négocié en septembre en pleine contre-offensive de la résistance du Donbass, avait été proposé par Vladimir Poutine aux Occidentaux avec pour cadre l’essentiel de ce qui sera repris en février dans Minsk 2. Mais là ce sont les Européens de l’Ouest qui sont demandeurs, avec un voyage remarqué de Hollande et Merkell à Moscou le vendredi précédant l’émission, afin de rencontrer Poutine pour préparer la rencontre. Ils sont en effet conscients de l’escalade militaire voulue par les Américains et des conséquences négatives pour l’économie européenne des sanctions auxquelles ces mêmes Américains les poussent, dans leur stratégie d’affaiblissement du continent pour préserver leur domination globale. Sans compter les contre-sanctions russes qui touchent durement l’agriculture de l’Union européenne. Et imaginer Poutine impressionné par la détermination des “Européens” qu’il aurait crûs faibles par un préjugé qu’Eltchaninoff attribue à sa “vieille culture soviétique”, c’est tout simplement comique : il n’aurait pas tout simplement constaté ce qu’eux-mêmes revendiquent comme trait majeur de leur identité post-2ème guerre mondiale, celui de constituer une puissance douce, un soft power, quand les Etats-Unis continuent à agiter tous azimuths leur hard power. D’où l’opposition de Mars et de Vénus faite par l’idéologue néo-conservateur Robert Kagan, époux de la sous-Secrétaire d’Etat américaine pour l’Europe et l’Eurasie, Victoria Nuland, la petite cantinière du Maïdan, qui, appliquant les théories de son néo-conservateur de mari, envoyait l’UE “se faire foutre” au moment où elle nommait le triste clone scientologue mais néanmoins fasciste Yatseniouk au poste de premier ministre, au cours d’un entretien téléphonique resté dans les annales avec l’ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt, maître d’oeuvre du coup d’Etat du 22 février.
Quant à l'”empire de Novorossia” que Poutine voudrait constituer à l’est et au sud de l’Ukraine, ce sont, comme le reconnaît Eltchaninoff (pp. 156-157), des régions qui, comme celles de Donetsk et de Lougansk, sont historiquement russes, rattachées pour des raisons politiques par les bolchéviques à la République socialiste soviétique d’Ukraine, dans le cadre de l’URSS. Comme le sera la Crimée, de façon tout à fait illégale, par Khrouchtchev en 1954, sans consultation de la population. Le nom de Novorossia, ou de Nouvelle Russie, revendiqué par les actuels fédéralistes/indépendantistes, a nommé les steppes quasi désertes du sud de la Russie, colonisées au 18ème siècle, où ont été fondées Odessa, Dniepropietrovsk (ancienne Iekaterinoslav), Kherson et Nikolaïev.
Et la Crimée n’a pas été annexée. Elle a choisi librement et démocratiquement son retour en Russie, par un referendum dont tous les observateurs ont constaté la régularité. Il est d’ailleurs pour le moins paradoxal, et plutôt comique là aussi, que de prétendus démocrates comme Voinchet, Couturier ou Eltchaninoff se réclament de la légalité d’une mesure arbitraire prise par un apparatchik soviétique, par ailleurs responsable de crimes contre l’humanité massifs dans les années 30 et 40. L’intégriste laïciste Caroline Fourest, sortie ce matin-là de son rôle habituel de promotion du ellegébétisme quand elle ne ruine pas la notion de laïcité, intervient alors pour évoquer “l’abandon de la Crimée” où il n’y aurait “plus de tourisme”, alors que le magazine Forbes titre peu de temps après : “Un an après que la Russie ait annexé la Crimée, les locaux préfèrent Moscou à Kiev” (5).
Deux jours avant qu’une solution politique et diplomatique ne soit trouvée à Minsk pour remédier à la situation tragique dans laquelle le coup d’Etat de Kiev a plongé l’Ukraine, les erreurs et les mensonges accumulés par Eltchaninoff ne visent donc qu’à promouvoir la manière forte, prônée par les néoconservateurs américains ou par le sénateur républicain Mac Cain. Criminel de guerre notoire, ses exploits de jeunesse ont consisté à répandre du napalm sur les populations civiles vietnamiennes, ce dont une juridiction internationale ne l’a pas encore inculpé, tout comme les arguments d’Eltchaninoff visent à permettre la poursuite des bombardements des populations civiles du Donbass par les milices fascistes de Kiev, à coup de missiles Grads, Totchka-U ou de bombes à fragmentation et au phosphore, interdites par les conventions internationales, qui ont fait plusieurs milliers de victimes innocentes – enfants, femmes, vieillards -, qui ont ruiné les infrastuctures civiles et industrielles et provoqué le départ de centaines de milliers de réfugiés en Fédération de Russie. Ce qui ne semble pas troubler Eltchaninoff outre mesure qui n’en dit mot ni sur la radio gouvernementale ce matin-là, ni dans son livre.
Mais venons en à celui-ci : Eltchaninoff est-il plus convaincant dans un rôle qui semble être plus le sien, celui de critique des sources philosophiques censées être celles du “projet” poutinien ? “Projet” que l’épouse Clinton, alors Secrétaire d’Etat de la première présidence Obama, ancienne “gauchiste” adoptant des positions nettement néoconservatrices sur tous les dossiers qu’elle a traités ès-qualité, qualifie ainsi au Conseil des ministres de l’OSCE à Dublin en décembre 2012 : “les tentatives de la Russie d’à nouveau intégrer les Etats post-soviétiques dans une nouvelle union du genre de l’URSS, ça ne va pas s’appeler URSS. Ca va s’appeler Union douanière, Union eurasienne etc. Mais ne nous y trompons pas. Nous en connaissons les buts et nous essayons de trouver le meilleur moyen de la ralentir ou de l’empêcher”. Dans cette formulation, l’on reconnaît la même paranoïa que dans tous les discours sur les “projets cachés de Poutine”, “ancien colonel du KGB” etc., qui ne peut être que dictatorial et totalitaire. Paranoïa qui couvre en fait la volonté américaine d’éradiquer toute opposition à son projet de domination globale, véritablement totalitaire celui-là, et fondé sur l'”exception” américaine et le rôle dont les Etats-Unis se croient investis par l’histoire, voire par Dieu en Personne. “Exception” que Vladimir Poutine, qui avait jeté les bases d’un monde multipolaire fondé sur la coopération et le dialogue démocratique dans le cadre des institutions internationales dans son fameux discours de Munich du 20 février 2007, a ainsi commentée dans le New York Times du 11 septembre 2013, au moment où il trouve déjà le moyen d’éviter le déclenchement d’une guerre régionale pouvant déboucher sur un conflit mondial, cette fois-ci au Moyen-Orient, par la destruction des armes chimiques syriennes sous contrôle international : “J’ai lu attentivement l’adresse du président Obama à la nation mardi dernier (6). Et je voudrais exprimer ma désapprobation de la référence qu’il fait à l’exception américaine, affirmant que la politique menée par les Etats-Unis est ‘ce qui rend l’Amérique différente. C’est ce qui constitue (son) exception’. C’est extrêmement dangereux d’encourager les gens à se croire exceptionnels, quelle qu’en soit la raison, souligne Poutine. Il y a des grands et des petits pays, des pays riches et des pays pauvres, des pays qui ont une tradition démocratique ancienne et d’autre qui sont en train de trouver leur voie vers la démocratie. Leurs politiques diffèrent également. Nous sommes tous différents, mais lorsque nous demandons la bénédiction de Dieu, nous ne devons pas oublier que Dieu nous a créés égaux” (7).
Comment penser que ce que Poutine refuse aux Etats-Unis il voudrait le réserver à la Russie ? C’est pourtant ce qu’à la suite d’Hillary Clinton, Eltchaninoff soutient dans son livre, où il prétend que Vladimir Poutine, appuyant sur une successions de “touches” idéologiques et/ou géopolitiques, voudrait rétablir cet empire, ce qu’il s’apprêterait à faire avec l’Ukraine. Selon lui ce projet poutinien s’appuie sur une doctrine qui s’avance masquée. “Tout comme le personnage de Poutine, impénétrable et imprévisible, elle est complexe” (8) et réclame donc l’exégèse d’un spécialiste car elle est “hybride”, adjectif qualifiant d’ordinaire les guerres modernes telles que les ont conçues les stratèges américains, combinant les plans militaire, économique et médiatique, et “elle nous promet un avenir agité”. Cette doctrine, dont il croit distinguer le tableau, “s’étage sur plusieurs plans : à partir d’un héritage soviétique assumé et d’un libéralisme feint, le premier plan est une vision conservatrice. Le deuxième, une théorie de la Voie russe. Le troisième, un rêve impérial inspiré des penseurs eurasistes”.
Pour ce faire, Eltchaninoff “a lu et relu les classiques de la pensée russe (pas toujours traduits en français), interrogé des commentateurs avisés et des acteurs de la vie intellectuelle en Russie, décortiqué les discours de Vladimir Poutine depuis son accession à la présidence”. Ce qui fait tout de même 398 pages sur le site du Kremlin (9), archivant chacune vingt discours, soit en tout 7960 discours, à commencer par celui du 31 décembre 1999, jour de la passation des pouvoirs avec Eltsine, parmi lesquels figurent les textes que nous venons de citer. Observons également qu’Eltchaninoff n’a interrogé aucun des proches de Vladimir Poutine, ni surtout l’intéressé lui-même : qu’est-ce qui l’en empêchait ? Au lieu de cela, il cite abondamment un politologue plutôt marginal, Alexandre Morozov, rédacteur en chef du Journal russe, animateur par ailleurs d’un réseau de blogueurs du nom d'”Emmanuel Kant”, ainsi qu’un ancien collaborateur de Poutine installé aux Etats-Unis et professant des opinions radicales libertariennes, André Illarionov. Pourquoi cet éclairage, indirect, latéral et polémique à l’action de Poutine au lieu d’aller y voir carrément ?
Il faut cependant reconnaître un mérite à ce livre : celui d’avoir exonéré ce qu’il croit être le projet poutinien de toute proximité avec le croquemitaine de l’eurasisme, tel que le présentent en tous cas les spécialistes autoproclamés, Alexandre Douguine (p. 107). Mais c’est pour être à son tour lui-même plus douguinien que le roi car c’est très précisément la superposition des “modèles idéologiques” qui inspirent Poutine selon Douguine (pp. 110-111) qu’Eltchaninoff reprend à son compte pour définir les différents “plans” sur lesquels “s’étage” la doctrine poutinienne (pp. 15-16) pour réaliser son projet de restauration d’un empire russe et/ou soviétique, et/ou orthodoxe, et/ou eurasien, et/ou pragmatique sur le modèle de l’Union européenne.
Et dans un très idéologique who’s who, Eltchaninoff passe donc en revue tout le “pan le plus nationaliste et pseudo-scientifique de la philosophie russe” dont Poutine se servirait, “rendant à la Russie sa vocation idéologique internationale” (p. 171). C’est là sans doute que le livre prend un certain intérêt et ouvre à l’auteur des perspectives dans lesquelles s’investir plus sérieusement et plus utilement à l’avenir. Les pages qu’il consacre à Ilyine par exemple, qu’il qualifie de philosophe quand on devrait plutôt le considérer comme un penseur russe – la pensée russe ne se limitant pas à une participation à l’effort philosophique occidental – montre son ambivalence à l’égard de cette part, orientale, de la culture européenne. Et pourquoi n’avoir pas rencontré le cinéaste Mikhalkov, qui n’est tout de même pas sans intérêt, à qui Poutine doit la découverte de ce penseur de l’après-communisme et de la réconciliation de la nation russe pour sa réflexion politique ? Pourquoi agiter comme rédhibitoire, avec toutes sortes de guillemets, que “jusqu’à sa mort, Ilyine est toujours (resté) très proche des ‘blancs’ les plus radicalement antibolchéviques, (fournissant) une base idéologique à l’Union générale des combattants russes (ROVS) fondée par le général ‘blanc’ Wrangel et destiné à renverser le pouvoir soviétique” (p. 53) ? Eltchaninoff a-t-il lu les Mémoires du général Wrangel, écrites et publiées en français chez Tallandier en 1930 ? Il y verrait que ce “blanc”, outre qu’il a été un chef militaire remarquable, a été un responsable politique de premier rang, manquant cependant d’audace, la chute de la République provisoire de Crimée résultant en grande partie d’une volonté internationale dont il rend compte avec lucidité.
La dimension conservatrice du projet poutinien ferait également référence au penseur Constantin Leontiev, qui dès la seconde moitié du 19ème siècle mettait les Russes en garde contre la disparition dans une “Europe fédérale”, dont “La France, l’Allemagne etc. deviendront les régions”, prophétie on le voit pour le moins pertinente. L’on apprend également que l’Union eurasiatique, combattue par Eltchaninoff et par l’épouse Clinton, n’est pas à l’origine un projet poutinien. On le doit au président kazakh Noursoultan Nazarbaïev qui, en 1996, a créé à Astana une université du nom d’un eurasiste du XXème siècle, Lev Goumilev, fils de la grande Akhmatova, poétesse de la nuit totalitaire, et de Nicolas Goumilev, opposant assassiné par les bolchéviques en 1921. Chassé de l’université de Leningrad et déporté au Goulag de 1938 à 1956 en tant que fils d’un ennemi du peuple, ce qu’Eltchaninoff omet de préciser, l’on doit à Goumilev, d’origine tatare par sa mère, une “célébration de la ‘grande culture de la steppe’ unissant des peuple divers au sein d’une même civilisation” (p. 113), véritable pont entre l’Europe occidentale et l’Asie. Eltchaninoff rappelle d’ailleurs que selon la première génération eurasiste, dans les années 20 du siècle dernier, réévaluant la période de la domination tataro-mogole du 13ème au 15ème siècle : “les hordes tatares auraient énormément apporté à la Russie en termes de compétences économiques et financières, de gestion politique, d’efficacité militaire – sans oublier une réelle tolérance religieuse” (p. 106).
Cependant, aucune de ces sources de la pensée russe dans la “doctrine” du président Poutine, jugées exotiques, “pseudo-scientifiques” et très “nationalistes”, pour ne pas dire réactionnaires, ne trouvent grâce aux yeux d’Eltchaninoff, pour qui démocratie et philosophie occidentales vont de pair, sans se souvenir que cette dernière, déjà totalitaire à l’origine chez Platon, a produit les pires régimes au XXème siècle dans ses développements notamment allemands. Et l’opposition simpliste qu’il effectue entre la “pensée russe” inspirant le projet poutinien et sa vision très néo-conservatrice d’un Occident terme ultime du progrès de la civilisation humaine, n’hésite pas à utiliser les moyens les plus contestables.
Comme par exemple lorsqu’il a recours à des citations décontextualisées, caractéristiques du discours polémique. Prenons celle qu’il fait du fameux discours de réunification de la Crimée, prononcé au Kremlin par le président Poutine devant l’Assemblée de la Fédération de Russie le 18 mars 2014, censée illustrer “le fond de (sa) pensée sur l’effondrement de l’URSS”, avec “un adverbe qui dit tout : ‘Ce qui semblait incroyable, malheureusement (c’est Eltchaninoff qui souligne ainsi l’adverbe utilisé par Poutine), est devenu une réalité : l’URSS s’est désintégrée” (p. 27). Or que dit le président Poutine ce jour-là ? Se demandant ce qui a bien pu pousser Khrouchtchev à donner la Crimée et Sébastopol à l’Ukraine : “l’aspiration à s’assurer le soutien de la nomenclature ukrainienne ou bien la volonté de racheter sa faute dans l’organisation de la répression de masse en Ukraine dans les années trente (10)”, mais laissant cela à l’examen des historiens, Poutine souligne que “cette décision de couloir, prise de connivence, violait toutes les normes constitutionnelles déjà en cours. Evidemment, ajoute-t-il, dans les conditions d’un Etat totalitaire, on n’a rien demandé aux habitants de Crimée et de Sébastopol, on les a simplement mis devant le fait accompli. Les gens se sont bien sûr posé des questions : d’où venait que soudain la Crimée se retrouvât en Ukraine”. Mais, précise Poutine, “et tous ici nous le comprenons bien, cette décision a été perçue comme une simple formalité dans la mesure où ces territoires ont été transférés dans le cadre d’une seule grande entité. A cette époque il était tout simplement impossible d’imaginer que l’Ukraine et la Russie ne puissent être ensemble, rappelle-t-il, qu’elles puissent constituer des Etats différents. Mais cela est arrivé”. Et c’est donc du point de vue des habitants de Crimée, qui se sont retrouvés otage de la nouvelle configuration, que la chute de l’URSS a été malheureuse : “Ce qui paraissait invraisemblable, malheureusement, est devenu réalité. L’URSS s’est disloquée”. Avec tout ce qui précède, il faut être de bien mauvaise fois pour imaginer que Poutine exprime là un regret personnel et une nostalgie de l'”Etat totalitaire” que bien au contraire il dénonce comme il lui est déjà arrivé de le faire en d’autres circonstances. Il ajoute d’ailleurs immédiatement après : “les événements se précipitaient avec une telle impétuosité que bien peu de citoyens en mesuraient le caractère dramatique et les conséquences qui pouvaient en résulter”.
La seconde citation exemplaire de la méthode de l’auteur, sert à montrer que s’il a pu un temps donner le change, alors qu’il était un collaborateur d’Anatoli Sobtchak dans les années 90, Poutine n’est en réalité pas un libéral. Conversant avec Adam Michnik, rédacteur en chef du quotidien polonais Gazeta Wyborcza, le 15 janvier 2002, “Poutine résume ainsi, prétend Eltchaninoff, l’idée principale de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg : ‘Il y a beaucoup de liberté, mais il y a peu d’institutions démocratiques. Or la liberté d’expression, les partis politiques travaillant librement, se rapportent à ces institutions. (…) La démocratie, ce n’est pas l’anarchie, ce n’est pas le règne du tout est permis’.” Et de commenter : “On a connu théorie politique plus libérale” (p. 36). Il avait commencé par suggérer, citant une militante ellegébétiste d’origine russe vivant aux Etats-Unis et auteure d’une biographie de Poutine, Masha Gessen, que Poutine “était à l’époque officier de réserve du KGB chargé d’épauler et de surveiller Sobchak, dissimula(n)t une haine des ‘démocrates'”. Or lorsqu’il fait cette déclaration, Poutine répond à la question que lui pose Michnik : “Nous avions un ami commun, Anatoli Sobtchak. Il m’a confié un jour qu’en Russie il y avait un problème : la liberté existe mais pas la démocratie, il n’y a pas ce genre d’institution. Vous avez un jour déclaré que vous étiez pour la démocratie dirigée. Puis-je vous demander ce que vous entendez par là ?” (11). Dans sa réponse, Poutine rappelle que Sobtchak “a dit cela vraisemblablement une dizaine d’années auparavant. Il y a eu alors beaucoup de changements, ajoute-t-il, mais dans l’ensemble il a raison. Il y a beaucoup de liberté, mais peu d’institutions démocratiques. Or la liberté d’expression et des partis politiques bénéficiant d’un régime de liberté, etc., sont fonction de telles institutions”. Poutine remet donc la citation que fait Michnik de Sobtchak dans le contexte de l’éclosion de liberté dans la Russie du début des années 90. Ce que ne fait pas Eltchaninoff, non plus qu’il ne précise que Poutine répond à Michnik après une décennie où cet excès de liberté sans institutions pour l’encadrer et lui permettre de s’exprimer en vue du bien commun a mené la Russie au bord du gouffre et du pillage généralisé. De même qu’il passe sous silence, dans la coupure signalée par les points de suspension entre parenthèses, la comparaison très éclairante que fait Poutine : “C’est comme un pays où il y aurait de l’argent en circulation mais sans qu’il y ait encore de système bancaire. Il y a des pays où ça existe, remarque ironiquement Poutine. Cela veut tout simplement dire qu’ils se trouvent dans une période transitoire de leur développement. Il en est de même pour la liberté et la démocratie”. Et avant de faire cette remarque de bon sens que comprend tout démocrate mais qui a tant l’air de choquer Eltchaninoff, Poutine précise : “Il nous faut bien sûr créer les bases légales solides et fiables de la démocratie”. Et s’il rappelle que “la démocratie ce n’est pas l’anarchie ni le règne du tout est permis” c’est pour leur opposer immédiatement après : “(la démocratie) ce sont les règles, prescrites dans les lois, prises par l’organe représentatif du pouvoir constitutionnellement élu, le parlement du pays”. Et dans ce sens, tout pays démocratique se trouve en régime de “démocratie dirigée”.
Mais dans son réquisitoire anti-russe et anti-Poutine Eltchaninoff à recours à d’autres méthodes, omniprésentes dans la rhétorique politico-médiatique dominante, celle du révisionnisme des événements en cours et celle de la projection/négation du rôle de l’Occident dans l’évolution conflictuelle des relations avec la Russie.
Concernant le tournant de 2004, nécessité par la tragédie de Beslan, voici comment Eltchaninoff présente les événements : “Des rebelles séparatistes tchétchènes prennent une école en otage, le jour de la rentrée des classes, dans une petite ville du Caucase russe. Après une opération des forces spéciales russes menée de manière violente et chaotique, trois cent quarante personnes perdent la vie, dont cent-quatre-vingt six enfants. Deux semaines plus tard, Poutine annonce que les gouverneurs des régions seront désormais désignés et non plus élus. Il justifie ce recul démocratique par l’incurie des responsables locaux” (p. 63-64). On notera l’expression neutre “rebelles séparatistes tchétchènes”, ce qui est contesté par l’enquête. Mais surtout, Eltchaninoff ignore le déroulement des événements : si l’intervention des forces spéciales russes a été précipitée, c’est parce qu’un des explosifs suspendus au-dessus des otages, retenu par un simple levier par les terroristes pendant près de 72 heures, a explosé par inadvertance, l’un d’eux s’étant endormi. Et attribuer les 340 victimes aux forces russes est tout simplement ignoble : c’est exonérer le crime sauvage qui consiste à prendre en otage plus de 1300 personnes dont une majorité d’enfants, les obliger à rester immobiles pendant trois jours sous la menace des armes et de bombes suspendues en les empêchant de se nourrir et surtout de boire, alors qu’il fait encore très chaud dans le Caucase début septembre. Mais la suite l’est encore davantage : datant le tournant conservateur de Poutine de ce moment précis, Eltchaninoff relève qu’il “considère que si les ‘terroristes’ brandissent des ‘slogans religieux’, c’est d’abord par ‘ignorance religieuse’. Il en appelle donc aux religions pour éloigner les fidèles de l’extrémisme”. Alors que le livre d’Eltchaninoff paraît un mois après les attentats des 9 et 11 janvier à Paris, on est sidéré par une telle mauvaise foi : oui, les preneurs d’otages de Beslan, comme les assassins de Charlie-Hebdo, de Montrouge et de l’hyper-casher de la Porte de Vincennes, sont des terroristes, et de la pire espèce, les guillemets sont ici tout simplement abjects, et oui, les religions ont un rôle éminent à jouer pour dénoncer l’instrumentalisation de la religion à des fins criminelles et totalitaires.
Mais venons en à la situation actuelle en Ukraine, qu’Eltchaninoff présente comme la mise en oeuvre par Poutine de la doctrine impérialiste qu’il lui prête : “le 21 novembre (2013), le président Ianoukovitch suspend les négociations pour la signature d’un partenariat avec l’Union européenne, qui devait avoir lieu une semaine plus tard. Cette décision inopinée lance le mouvement du Maïdan, qui aboutit à la violence contre les manifestants et à la fuite en Russie du président ukrainien à la fin de février 2014. Vladimir Poutine n’y pourra rien. Mais sa réaction en Crimée puis en Ukraine orientale et méridionale, inscrit dans l’histoire l’idéologie impérialiste qu’il mûrit depuis des années” (pp. 155-156). Le révisionnisme à l’oeuvre dans cette page accumule les erreurs et les mensonges. Eltchaninoff présente la volte-face de Ianoukovitch comme une soumission à une injonction de Vladimir Poutine. Il n’en est rien : Ianoukovitch, menant jusqu’au bout le double-jeu traditionnel de la politique ukrainienne recueillant les dividendes et d’un rapprochement avec l’UE et du maintien de l’alliance avec la Russie, a été mis en demeure de faire un choix. Par l’Union européenne. Qui à ce moment-là a refusé toute discussion avec la Russie qui le lui proposait en vain dans la négociation de la mise en place du traité de libre-échange. Ianoukovitch a alors mesuré les conséquences négatives de ce traité et pour l’Ukraine et pour sa réelection en 2015. En quoi il n’a pas eu tort si l’on observe la situation de krach total dans laquelle se trouve l’Ukraine un an après son départ, alors que la Merkell de Minsk 2 reconnaît maintenant que sur le dossier ukrainien, il serait nécessaire d’instaurer un dialogue entre l’Union européenne et l’Union eurasiatique. Départ de Ianoukovitch qui n’a d’ailleurs pas été une fuite, mais une mesure de protection parce qu’il était menacé de mort au moment où les acteurs du putsch de Kiev prennent le pouvoir le 22 février, au mépris des accords signés la veille avec les représentants de l’Union européenne (12). Et le Maïdan, qui au départ n’était qu’un rassemblement marginal d’étudiants pro-européens, s’est d’emblée amplifié et radicalisé parce qu’il était préparé de longue date par la descendance des collaborateurs bandéristes sponsorisée par les Etats-Unis (13). Ce qu’Obama a benoîtement reconnu sur CNN le 2 février 2015. Quant à “la violence contre les manifestants”, remarquons qu’un an après, l’enquête sur les tirs de snipers ayant fait une centaine de morts sur le Maïdan le 20 février, déclenchant le coup d’Etat, est au point mort, parce que le responsable en est André Paroubiy, néo-nazi fondateur du parti national-socialiste d’Ukraine, alors “commandant de la sécurité du Maïdan” et actuellement vice-président de la Rada. Tout comme il a vraisemblablement supervisé le massacre de la maison des syndicats à Odessa le 2 mai 2014, au cours duquel de 50 à 200 manifestants anti-Maïdans ont été brûlés vifs, défenestrés et achevés par des nervis du Pravy Sektor, alors qu’il était secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de la Défense d’Ukraine. Enfin Eltchaninoff continue à soutenir l’enfumage de l’intervention russe en Ukraine orientale, alors qu’il s’agit au départ d’une action de résistance de la population du Donbass face à l’agression des bandes fascistes, et que le chef d’Etat-major de l’armée ukrainienne lui-même a catégoriquement nié la présence d’unité de l’armée russe dans le Donbass (14).
Mais là où l’ignominie naïve d’Eltchaninoff sombre dans le ridicule, c’est lorsqu’il détaille dans le dernier chapitre de son livre le soft power russe qui menace la France avec l’édification d’une cathédrale “en face de la tour Eiffel” et “les” Instituts de la démocratie et de la coopération ouverts en 2007 à Paris et à New-York : “Leur objectif est de véhiculer les valeurs de la nouvelle Russie”. En tout et pour tout deux ONG dans le monde ! Qui dérangent le démocrate Eltchaninoff ! Que dire alors des myriades d’ONG richement dotées par des “philanthropes” escrocs de haut vol du genre de l’Américain Soros avec ses Open Society et les Fondations Carnegie, quand elles ne sont pas financées par les fonds d’Etat américain comme l’USAID, ou encore le NED, vitrine légale de la CIA ! Toutes elles visent à mettre en oeuvre des entreprises de subversion, sous couvert de promotion de la démocratie, comme cela a été le cas en Ukraine ou dans les prétendues révolutions de couleur dans l’ex-espace socialiste, qui ont à chaque fois conduit au chaos.
Et on l’aura compris, Eltchaninoff s’avance masqué lui aussi. Dénonçant l’idéologie soutenant le projet impérial qu’il prête à Vladimir Poutine, il tait celle qui l’anime au service de la domination universelle de la démocratie telle que la conçoivent les néo-conservateurs américains, au prix de la déstabilisation de régions entières du globe comme au Moyen-Orient et en Afrique. La seule région où se trouvent des Etats forts, marqués par une longue histoire, une civilisation originale et des ressources considérable, lui permettant de s’opposer à ces projets, c’est l’Eurasie. A l’heure où l’Amérique n’a plus qu’une existence virtuelle du fait d’une dette colossale équivalant à plusieurs fois son PIB, à l’heure où l’étalon dollar ne sera bientôt plus qu’un souvenir, cette existence indépendante et la proposition de développer la région Asie-Pacifique sans tenir compte des intérêts des Etats-Unis est vécu par eux comme une menace. Disposant encore d’un système militaro-industriel puissant – le budget militaire américain est dix fois supérieur à celui de la Russie et cinq fois supérieur à celui de la Chine – il est à craindre que les Etats-Unis ne continuent à provoquer des conflits un peu partout dans le monde, voire à provoquer un conflit mondial. Ce qui a commencé avec les guerres déclenchées par les néo-conservateurs à partir de 2001, et qui s’aggravera très certainement en cas d’élection à la présidence américaine de l’épouse Clinton.
Pour Eltchaninoff, le projet de Poutine se résumerait au suivant : “l’Eurasie, à terme, doit remplacer les Etats-Unis dans le rôle de leader mondial” (p. 148). Ce qu’elle a commencé à faire. Mais pas pour s’assurer une domination mondiale totalitaire comme le visent les Américains par “l’homogénéité culturelle, lingistique, politique anglo-saxonne”, définition dans laquelle Eltchaninoff omet l’économie. Pour au contraire promouvoir un monde multipolaire où les différents pôles de développement et de civilisation dialogueraient en respectant le droit international dans le cadre d’institutions qui ne soient pas des coquilles vides et impuissantes. Où la coopération en vue du développement remplacerait la compétition et l’accaparement des ressources. C’est de ce projet que sont porteurs les BRICS et l’Eurasie et qu’elles ont commencé à mettre en oeuvre. C’est ce projet que le président Poutine ne cesse de promouvoir sur l’arène internationale, pour lequel il reçoit de plus en plus de soutiens, y compris dans la classe politique et la société françaises.
Edward Snowden ne s’y est pas trompé. Animé par une révolte éthique devant les agissements totalitaires du renseignement américain, il s’est réfugié en Russie. Eltchaninoff lui, la cervelle encore embrumée par les miasmes de la guerre froide, en est encore à imaginer un complot post-soviétique, quand il ne sombre pas dans la délation la plus abjecte. Car si on lit attentivement le dernier chapitre de son livre, l’on retrouve les mêmes listes que celles dressées par ses confrères “journalistes” de Libération et du Monde à l’automne dernier.
Il fut un temps où Eltchaninoff était mieux inspiré. C’était en mai 1999, en plein bombardements de la Serbie par les forces occidentales sous direction américaine. En toute illégalité internationale puisque c’était sans mandat de l’ONU, dans la dernière touche apportée au démembrement de la Yougoslavie, premier pas vers l'”homogénéisation anglo-saxonne” du monde de l’après-guerre froide. Bombardements criminels et illégaux à propos desquels Eltchaninoff déclare maintenant : “Notre conviction est que la carrière politique de Poutine est marquée par le projet de se venger cet épisode” (p. 28). A cette époque, dans une tribune du Monde datée du 20 mai 1999, il prenait la défense de Régis Debray, victime d’un lynchage médiatique du clergé ignorant de la bien-pensance, mené déjà par le prélat B.H. Lévy, pour avoir osé, après un séjour d’enquête sur place, contester la doxa du moment justifiant ces bombardements, selon laquelle les Serbes étaient en train de commettre un génocide des Albanais au Kosovo.
C’est donc par une singulière ironie de l’histoire, de son histoire à lui Michel Eltchaninoff, qu’au moment où se perpètre un vrai génocide des populations russophone du Donbass, sponsorisé par les Américains et l’Union européenne, il se retrouve dans le même camp que B.H. Lévy. Lequel paradait le 22 février dernier dans les rues de Kiev auprès du boucher-chocolatier Porochenko et du fasciste Yatseniouk dans une “marche de dignité pour les morts de Maïdan”, dont les putschistes de Kiev et leurs maîtres américains savent très bien à qui les attribuer.
Frédéric Saillot, le 30 mars 2015.
(1) http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4997481
(2) “Colonne : II. 3° (1680). Milit. Corps de troupe disposé sur peu de front et beaucoup de profondeur. Cinquième colonne : (esp.; de la cinquième colonne, qui de l’intérieur soutint les quatre colonnes qui attaquaient Madrid, en 1936). Cinquième colonne : les services secrets d’espionnage ennemi sur un territoire” (Le Petit Robert 1).
(3) “Libération” des samedi 25 et dimanche 26 octobre 2014, listes de dénonciation établies par les “journalistes” Alexandra Schwarzbrod, Lorraine Millot et Veronika Dorman.
(4) “Le Monde” des 17, 18 et 19 novembre 2014, listes de dénonciation établies par les “journalistes” Gaïdz Minassian, Anne Michel, Claire Gatinois, Nathalie Guibert et Dominique Gallois.
(5) Edition de 20 mars 2015.
(6) Discours à la nation de Barack Obama sur la crise syrienne, 10 septembre 2013, http://www.voltairenet.org/article180208.html.
(7) Comme l’exige le protocole, Obama conclut son adresse à la nation par : “que Dieu vous bénisse, et que Dieu bénisse les Etats-Unis d’Amérique”.
(8) Dans la tête de Vladimir Poutine, Actes Sud, 2015, p. 15.
(9) www.kremlin.ru
(10) http://kremlin.ru/transcripts/20603
(11) http://kremlin.ru/transcripts/21471
(12) Voir l’excellent film d’André Kondrachov : https://m.youtube.com/watch?v=t42-71RpRgI et : http://fr.sputniknews.com/videos/20150331/1015413940.html (sous-titres français), ainsi que mon article dans B.I. n°197 d’avril 2014, “Le putsch de Kiev”.
(13) Voir mes articles dans B.I. n°194 de janvier 2014, “Tentative occidentale de coup d’Etat”, et B.I. n°196 de mars 2014, “En Ukraine, l’Union européenne soutient les fachos de Kiev”.
(14) Dépêche Sputnik du 31/01/2015.