Le chat joue. La souris, elle, ne joue pas. Le chat fait semblant, semblant d’hésiter, semblant de ne lui vouloir que du bien, semblant de la laisser s’échapper… La souris ne fait pas semblant. Elle ne joue pas. Elle crie parce qu’elle a mal. Aucune comédie là-dedans. Elle se débat pour sauver sa vie. Aucun bluff là-dedans. Elle court aussi vite qu’elle peut pour échapper aux griffes qui la blessent et vont la tuer. Aucun jeu là-dedans. Le chat c’est l’eurogroupe, la souris c’est la Grèce. Beaucoup de commentateurs décrivent les discussions en cours comme un jeu, jeu de rôle ou jeu de poker, ou jeu de poker menteur. C’est indigne ! Cette façon de voir est le signe de leur aveuglement. La Grèce ne joue pas. Elle saigne, souffre, pleure, meurt à petits feux. De notre fait. Elle se débat désespérément sous nos griffes. Tel un gros chat, placide et sûr de sa force, nous la regardons faire, nous nous moquons de ses maladresses, nous amusons de ses efforts. D’ultimatums en “réunions de la dernière chance”, nous ne la lâchons pas d’un pouce, nous ne lui laissons aucune chance… Honte sur nous !
Denis Monod-Broca